Dominique Dumas : La grotte d'Alisadr : un témoin exceptionnel de l'évolution morphologique du Zagros (Iran), 1-8
Résumé
Située sur la bordure orientale du Zagros, la grotte touristique d'Alisadr est actuellement la plus grande cavité souterraine connue d'Iran. L'essentiel du réseau souterrain est noyé en permanence et présente sur ses parois un admirable étagement de niveaux concrétionnés qui témoignent de paléoniveaux de la nappe karstique. L'endokarst a conservé de nombreux témoins et indices paléoenvironnementaux qui permettent de retracer son évolution. Par ailleurs, les datations effectuées sur trois des niveaux les plus remarquables, ainsi que sur une ancienne coulée volcanique perchée, située à quelques kilomètres de la grotte, offrent l'occasion de positionner chronologiquement cette évolution, d'estimer un peu mieux la part des héritages antéquaternaires sur les paysages de cette région. Mais l'inexistence d'une érosion glaciaire, la dissolution spécifique actuelle, proche de 3 mm/millénaire et les processus de bréchification militent pour une évolution assez modeste des morphologies exokarstiques et endokarstiques au cours du Quaternaire.
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Vincent Prié, Christian Boudsocq, Jean-Michel Bichain : Les mollusques souterrains du réseau karstique de Padirac (Lot, France) : et micro-répartition de Bythinella padiraci Locard, 1903 (Mollusca, Caenogastropoda, Rissooidea), 9-18
Résumé
Lors d'une expédition à Padirac en novembre 2003, une dizaine de prélèvements biologiques ont été réalisés dans le réseau karstique profond. L'objectif premier de cette mission biospéologique était de réactualiser les données concernant les mollusques stygobies de Padirac. Les résultats montrent que Bythinella padiraci Locard, 1903, espèce listée comme vulnérable dans la Liste rouge mondiale des animaux menacés de l'UICN 2004, bien qu'absente dans la partie amont de la rivière de Padirac, est présente en aval de la perte siphonnante du Déversoir et dans l'affluent De Joly. Un hydrobioïde appartenant au genre Islamia est signalé comme composante actuelle de la biocénose stygobionte de Padirac ainsi que Moitessieria rolandiana Bourguignat, 1863. Par ailleurs, trois mollusques aquatiques épigés sont observés vivants dans le réseau profond, Potamopyrgus antipodarum, Ancylus fluviatilis, Pisidium sp. ainsi qu'un mollusque terrestre, Disais rotundatus.
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Sara Vandycke, Yves Quinif, Cécile Havron : Tectonique et karstification : le cas de la région de Han-sur-Lesse (Belgique), 19-26
Résumé
Une analyse structurale a été effectuée dans quatre massifs calcaires de la région de Han-sur-Lesse en Belgique en vue de cerner l'interaction entre type de karst et type de tectonique. Les massifs de Han et de Wellin possèdent un système karstique perte-résurgence au contraire des massifs des Grignaux-Turmont et de Resteigne. L'analyse structurale étudie la géométrie des structures tectoniques comme les failles, les joints et les fentes de tension. Une histoire tectonique des massifs est ainsi établie. Cette analyse a permis de préciser les relations entre l'évolution tectonique d'un massif et l'amorce de sa karstification au sens de la présence d'un système endokarstique structuré. Une étude des directions des joints karstifiés a permis la mise en évidence de certains paramètres régissant la géométrie des systèmes karstiques. Une hypothèse de karstogenèse en deux temps est évoquée. En l'absence de potentiel hydrodynamique mais grâce à un champ de contraintes en extension, une karstification de type « fantôme » affecte certains massifs durant le
Mésozoïque suivant une direction générale N50°E - N65°E. Ensuite, une autre phase tectonique en extension au Cénozoïque, alliée avec la naissance d'un potentiel hydrodynamique dû à la surrection de l'Ardenne provoque la karstification finale des massifs suivant une direction N140°E - N150°E, à l'origine des systèmes de recoupement souterrain de méandre.
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Yves Quinif, Paul Ambert, Jean-Louis Guendon, Bernard Baumes, Albert Colomer, Denis Dainat, Philippe Galant, Alain Gruneisen, Nathalie Gruneisen : Ages et modalités des incursions humaines et animales préhistoriques dans la grotte d'Aldène (Hérault, France), 27-38
Résumé
A la suite des travaux établissant l'âge mésolithique des empreintes de pas humains de l'étage Cathala de la grotte d'Aldène et l'antériorité des fréquentations animales (ours, hyènes) dans ces mêmes galeries [Ambert et al, 2000], les recherches se sont plus spécialement portées sur l'étude sédimentologique et géochronologique (essentiellement par datations isotopiques Uranium/Thorium des concrétions) des remplissages de la cavité. Elles ont notamment précisé l'âge des dernières incursions animales du second étage d'Aldène, entre 41 500 ans B.P. et 25 000 ans B.P. L'analyse détaillée du chaos de blocs interstratifiés de planchers stalagmitiques obstruant l'entrée préhistorique de cette galerie a révélé les modalités et les chronologies de fermeture progressive de cet accès. Trois phases au moins peuvent être distinguées : deux effondrements de voûte, largement tributaires de l'instabilité lithologique locale, le premier au Pléistocène moyen, le second, et dernier, à l'Holocène ; entre ces deux épisodes, au Pléistocène supérieur, le responsable du colmatage de la galerie principale semble être un apport de cailloutis issus de la gélifraction du porche d'entrée. Les fragments carbonisés de torches ont permis de reconnaître l'ultime et étroit passage emprunté par les hommes du Mésolithique avant le dernier effondrement scellant définitivement cette entrée.
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Jean-Pierre Mettetal, Marie-Pierre Martin, Jean-Louis Flandin : Recherches sur le karst de l'Alpe du Lauzet (Massif des Cerces, Hautes-Alpes) : le traçage du gouffre du Clôt des Vaches, 49-55
Résumé
La découverte en 2002 du Gouffre du Clôt des Vaches et de sa perte active nous a donné l'idée de rechercher les émergences possibles et de procéder à un traçage pour identifier une partie des circulations souterraines du massif de L'Alpe du Lauzet. Ce traçage réussi a confirmé l'hypothèse d'une percée hydrogéologique avec les Sources de l'Âlpe du Lauzet et ainsi de mettre en garde les propriétaires des chalets d'alpage contre un éventuel risque de contamination des eaux. Un lien avec les sources de Plan Chevalier semble probable mais beaucoup moins direct et rapide.
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Grégory Dandurand : Le paysage karstique du versant sud de la montagne de Lure : (Alpes-de-Haute-Provence, France), 39-48
Résumé
Le paysage karstique du versant sud de la montagne de Lure (Alpes-de-Haute-Provence) paraît à première vue peu spectaculaire : ici, les formes karstiques sont peu développées, les dolines sont de taille réduite et remblayées par des argiles et les gouffres sont très étroits, peu profonds et difficiles d'accès pour l'homme. Pourtant le versant sud de Lure offre un paradoxe et justifie à ce titre une étude. Les écoulements superficiels sont souvent inexistants, ou du moins, pas assez importants pour justifier le mauvais développement des formes karstiques. L'infiltration et la circulation souterraine des eaux sont rapides. Aucun inventaire exhaustif, aucune étude précise ni aucune synthèse sur les karsts de la montagne de Lure n'ont à ce jour été publiés. Peut-être est-ce en raison de la médiocrité de leurs formes superficielles et souterraines, ou parce qu'ils ont peut-être été injustement délaissés à la faveur des karsts plus attrayants du plateau d'Albion ! Toujours est-il que Lure conserve une certaine part de mystère, notamment en ce qui concerne ses rapports hydrologiques avec la Fontaine de Vaucluse ou avec d'autres exutoires. Enfin, la fermeture du paysage à la fin du XlXème siècle et au début du XXème siècle, puis le nouvel essor démographique à partir des années 1970, sont autant de facteurs de déséquilibres environnementaux difficiles à gérer pour les acteurs locaux. Les formes karstiques sont inexploitées, il n'existe aucun projet de protection ni de valorisation à l'heure où l'on s'interroge sur le maintien et le devenir de la diversité biologique et paysagère.
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Philippe Gombert, Bernard Fontvieille : Jacques Avias (1918-2003) = In memoriam, 57
Résumé
Jacques Avias nous a quittés, c'était un géologue, un naturaliste, un scientifique d'exception dont nous n'avons pas encore mesuré toute la richesse des apports à la recherche fondamentale et appliquée. Devant sa disparition, nous ne pouvons que rappeler ce qui nous paraît l'essentiel. Il restera pour tous ceux qui l'ont connu en tant que scientifique, sur tous les continents, un spécialiste mondial en hydrogéologie des roches fissurées et karstiques. Il restera aussi celui qui a créé l'Université Libre du Vivarais et qui a redonné vie à l'Académie des Sciences, des Lettres et des Arts de l'Ardèche. Enfin pour le grand public, il restera celui qu'on a rencontré ces dernières années au cours des tables rondes, des réunions publiques ou dans le musée du Pacifique qu'il avait organisé à Vals-les-Bains.
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Jean-Jacques Geoffroy : Lucien-Charles Genest (1928-2003) = in memoriam, 58
Résumé
Né le 1er janvier 1928, Lucien-Charles Genest nous a quittés dans son sommeil le 12 mars 2003, il y a un an déjà. Cette nouvelle triste et inattendue concernant un personnage aussi actif et joyeux nous a alors tous surpris, car rien ne laissait présager cette issue fatale qui a plongé sa famille et ses amis dans une profonde et douloureuse stupeur.
Membre de longue date de la Société Internationale de Biospéologie (SIBIOS), il a toujours marqué nos réunions et colloques par son caractère éminemment sympathique et le haut degré de détente sociale qui accompagnait la nature joyeuse de son style. Les relations imagées et vivantes qu'il donnait de ses nombreuses aventures souterraines, partagées avec des amis et collègues les plus proches, demeurent incomparables.
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