Jean Nicod, Jean-Jacques Delannoy : Michel Chardon (1936-2008), karstologue des montagnes, 1-6
Vincent Prié : Les escargots souterrains, nouveaux marqueurs des hydrosystèmes karstiques, 7-16
Résumé
La connaissance des réseaux hydrologiques souterrains est de première importance pour l’évaluation et la gestion de la ressource en eau. Ces réseaux sont complexes en milieu karstique et leurs connexions sont difficiles à établir sur le long terme : des évènements climatiques exceptionnels peuvent occasionner des crues qui connectent des systèmes supposés indépendants en temps normal. La biodiversité peut constituer un marqueur de long terme permettant de contraindre les modèles aux extrêmes.
Les mollusques souterrains semblent directement liés aux masses d’eau dans lesquelles ils vivent. En étudiant la micro-répartition des espèces et les assemblages faunistiques sur le secteur karstifié du Nord-Montpelliérain (Gard et Hérault, France), on observe (1) une homogénéité des assemblages malacologiques dans le temps et dans l’espace au sein d’une même masse d’eau, (2) une distribution des assemblages malacologiques directement corrélée aux données hydrogéologiques. De là est établie une signature taxonomique des aquifères : la biodiversité en mollusques souterrains est un traceur des hydrosystèmes. Cette signature taxonomique est partagée par les systèmes interconnectés au moins occasionnellement, à une échelle de temps des épisodes de crues centennales ou milléniales.
À la lumière de cas particuliers, il est montré que les assemblages malacologiques permettent de délimiter finement les systèmes aquifères et de révéler leur structure tridimensionnelle.
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Bernard Peyrot, Richard Oslisly : Les grottes à stromatolithes du Sud Gabon : des sites paléontologiques exceptionnels (Province de la Ngounié), 17-20
Résumé
Si la présence de constructions stromatolithiques dans les séries schisto-calcaires du synclinal Néoprotérozoïque du Niari-Nyanga a été mentionnée dans des recherches géologiques anciennes, leur observation dans la nature est très difficile. Toutefois, dans quelques grottes de la province de la Ngounié, il existe de beaux affleurements de colonies de stromatolithes géants du genre « Conophyton ». C’est le cas des grottes de Ntsona, Diengui et Ndoungou où les bancs apparaissent dans les galeries et en constituent aussi les plafonds. Dans la grotte de Ntsona, la superposition de deux bancs, séparés par un banc compact de dolomies, offre des données pour une approche paléoenvironnementale. L’exceptionnelle importance de ces formations stromatolithiques justifie leur conservation comme leur inscription sur la liste indicative du Patrimoine Mondial.
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François Michaud : Les champs de dépressions circulaires de la ride de Carnegie (Pacifique oriental) : produits d’une karstification sous-marine profonde ?, 21-30
Résumé
Les données de bathymétrie haute résolution enregistrées sur les flancs de la ride de Carnegie (Equateur) pendant la campagne SALIERI (du N/O SONNE), montrent, entre 1500 et 2700 m de profondeur, des zones parsemées de champs de dépressions circulaires fermées de plus de 300 m de profondeur et de 2 à 3 km de diamètre. Ces structures circulaires spectaculaires affectent la couverture sédimentaire carbonatée (craie) de près de 500 m d’épaisseur qui recouvre les flancs de la ride. La mise en évidence de champs de dépressions circulaires sur une très vaste échelle permet de s’interroger sur leur origine et leur âge. Parmi les différentes hypothèses (« pockmarks » géants, drapage sédimentaire de la morphologie du socle volcanique…), le modèle le plus plausible est celui d’une dissolution sous-marine contrôlée et modulée par des facteurs propres à la ride, favorisant le développement des champs de dépressions circulaires dans les carbonates.
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Fouzia Bensaoula : Exportation des carbonates et dissolution spécifique dans le système karstique de Boumaza (Monts de Tlemcen – NO algérien), 31-38
Résumé
Le calcul de la dissolution spécifique permet de quantifier l’érosion dans un système karstique. De nombreux auteurs ont cherché à établir différentes formules permettant de calculer la tranche théorique de calcaire dissous. A partir de formules classiques et de l’intégration du débit et de la charge dissoute, nous avons calculé la masse des carbonates dissous qui atteint 47.84t/km2/an et estimé la dissolution spécifique qui est de 17.72mm/1000ans pour le système karstique de Ghar Boumaza dans les monts de Tlemcen. Ce dernier est drainé par l’une des plus longues rivières souterraines d’Afrique, la Tafna souterraine. Il est situé dans une structure en synclinal dans les formations carbonatées du Tithonien. Le calcul de la dissolution spécifique aussi bien annuel que mensuel, dans ce système karstique, effectué pour deux années hydrologiques très contrastées, a permis de montrer que les conditions dans lesquelles s’est formé le réseau souterrain ont été probablement différentes. En effet, même si les données sont vraiment très fragmentaires, il apparaît que le régime pluviométrique actuel et par conséquent le débit des sources est très faible par rapport à ce qu’il a été pendant les phases climatiques anciennes (Quaternaire ancien et Pliocène).
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Richard Maire : Le cinéma documentaire d’exploration et de spéléologie, 39-50
Résumé
Le film de reportage et d’exploration a vu le jour au début du XXe siècle, grâce au rôle pionnier de l’Australien Frank Hurley lors de l’odyssée de Shackleton en Antarctique en 1914-1917. Plus tard le Français Marcel Ichac, un des fondateurs du Spéléo-Club de Paris, a lancé le film documentaire de montagne avec Karakorum en 1936, puis le film de spéléologie en 1943 avec Sondeurs d’abîmes tourné dans le Vercors. En 1956 Georges Marry filme l’exploration du gouffre Berger, le premier – 1000 (Siphon – 1122). En Angleterre Sid Perou devient une figure marquante du cinéma souterrain ; en 1967 il réalise pour la BBC Sunday at Sunset Spot, un reportage sur un secours spéléo dramatique. En France, après le tournage de Trente heures pour réussir, Michel Luquet joue un rôle déterminant en lançant le festival international du film de spéléologie à La chapelle en Vercors en 1977, qui sera ensuite dirigé pendant douze ans par Janot Lamberton. Le premier documentaire-fiction de spéléologie, Les Cascades de la Nuit, est tourné par Alain Baptizet en 1976. De 1978 à 1990, on observe un essor remarquable du film spéléologique qui est alors diffusé une fois par mois dans Les Carnets de l’Aventure (Antenne 2). Le réalisateur français Luc-Henri Fage joue un rôle marquant dans les décennies 1990-2000 avec plusieurs œuvres remarquable comme La Mémoire des Brumes (1992), Mille mètres sous la jungle (1995), A travers la Pierre (2005). Aujourd’hui, face au film d’aventure extrême de type Latitude Zéro de Mike Horn, le cinéma spéléologique de qualité professionnelle peut trouver des débouchés dans des films d’exploration mêlant aventure et science.
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Christophe Gauchon, Jean-Jacques Delannoy : Lascaux et la conservation de l’art préhistorique en milieu souterrain, 51-56
Résumé
Cet article vise à rapporter les présentations, échanges et débats qui ont rythmé le symposium sur la conservation en milieu souterrain et plus particulièrement sur la grotte de Lascaux. Ce symposium organisé les 26 et 27 février 2009 par la Direction de l’Architecture et du Patrimoine du ministère de la Culture et de la Communication a suscité un vif intérêt : 267 participants représentant 18 pays. L’objet du symposium était de faire un état le plus objectif possible de l’état actuel de la grotte de Lascaux, d’appréhender les causes des attaques bactériologiques qui ont affecté la cavité en 2001 et en 2006/2007, et de poser les modes d’action à venir pour développer les recherches interdisciplinaires en milieu souterrain et la conservation des cavités ornées. Durant ce symposium, les faits concernant Lascaux ont été exposés en toute transparence, y compris les erreurs commises. Les débats et échanges ont été d’une grande qualité tant en ce qui concerne les difficultés rencontrées (connaissance de l’écologie microbienne souterraine, interactions environnement/cavité et hydrogéologie ; climatologie/activité biologique…), les événements survenus et les processus de décision.
Karstologia se devait de rendre compte de ce symposium qui met en avant l’immense champ de recherche à mener en milieu souterrain. Ceux qui pensaient qu’on savait déjà tout sur le milieu souterrain auront saisi que beaucoup reste à faire.
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