Christophe Gauchon : Éditorial, 2_de_couverture
Jean-Claude Nobécourt, Jean-Yves Bigot, Philippe Audra : Hydrologie du karst en bande nummulitique du système de la Lare (Saint-Benoît, Alpes-de-Haute-Provence) : Interprétation de traçages et de suivis hydrologiques, p1-12
Résumé
Le système karstique de la Lare (Saint-Benoît, Alpes-de-Haute-Provence) s’étend entre le Var et le Coulomp en amont de leur confluent, du pont de la Reine Jeanne (alt. 561 m) jusqu’à plus de 2000 m d’altitude. Il est constitué par une étroite bande de calcaires nummulitiques, surmontant des marno-calcaires crétacés et en grande partie recouverts par les marnes priaboniennes et les grès d’Annot.
Écoulement et infiltration varient selon l’état hydrologique, avec des pertes partielles lorsque les ruissellements issus d’amonts peu perméables traversent la bande de calcaires nummulitiques. Deux exutoires principaux drainent le secteur : la source captée du ravin du Fontanil à Castellet-lès-Sausses dans les marno-calcaires crétacés, et les exutoires du système de la Lare à Saint-Benoît, à l’extrémité aval de l’éperon de calcaires nummulitiques.
Cet éperon recèle notamment la grotte de la Lare, un drain fossile étagé de plus de 2,5 km de développement, hérité du Pliocène (datation cosmogénique à 2,2 Ma).
Deux traçages ont été réalisés en 2019 et 2020 dans un écoulement recoupé par la grotte du Brec, située à 1 095 m d’altitude dans la bande des calcaires nummulitiques.
Le premier traçage à l’Amino G a montré l’absence de connexion avec le captage du Fontanil de Castellet, pourtant très proche.
Le second traçage à la fluorescéine a mis en évidence une liaison avec les exutoires du système de la Lare distants de 5,4 km, ainsi que l’indépendance de sources secondaires voisines. La vitesse lente du traceur (10,7 m/h) est liée aux conditions hydrologiques en tarissement, mais le très faible étalement du pic de restitution atteste d’une structure karstique bien hiérarchisée, à l’image des drains fossiles et actifs connus.
Le bassin d’alimentation du captage du ravin du Fontanil de Castellet correspond au versant marno-calcaire de la partie la plus élevée. Pour le système de la Lare, son bassin d’environ 14 km2 intègre d’une part la contribution autochtone de la bande des calcaires nummulitiques remontant jusqu’au col du Fâ (1 km2), d’autre part l’apport partiel des surfaces peu perméables environnantes (13 km2). Cette contribution allogène est surtout effective en hautes eaux, par l’intermédiaire de pertes partielles des ravins lors de la traversée de la bande nummulitique.
Ce dispositif est caractéristique d’un karst en bande, où la recharge est principalement allogène. Le suivi hydrologique des sources révèle effectivement des pics de crues turbides, directement associés à la contribution de pertes proches. La ressource hydrique est globalement de bonne qualité du fait de la faible pression anthropique sur le bassin, avec des contaminations bactériologiques limitées aux périodes de crue.
Elle assure durablement l’alimentation de Castellet pour la source du ravin du Fontanil.
Pour le système de la Lare, l’aquifère ici fortement karstifié peut représenter une ressource future valable pour Saint-Benoît, complémentaire à la partie fissurale du reste de l’aquifère nummulitique et des ressources gravitaires limitées.
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Jean-Claude Nobécourt : Expressions anthropiques et marqueurs sociétaux : enquête sur les fréquentations historiques dans la grotte de la Lare (Alpes-de-Haute-Provence), p13-30
Résumé
La grotte de la Lare à Saint-Benoît recèle une quantité remarquable de graffitis. Ils sont souvent surchargés, surtout lorsqu’ils sont gravés, et quelquefois estompés par l’humidité de la paroi, surtout lorsqu’ils sont crayonnés ; parfois altérés par la corrosion du support, parfois voilés par les encroûtements de calcite, beaucoup sont dégradés au point d’être illisibles et il est probable que certains ont totalement disparu. Il est donc impossible d’en faire un inventaire exhaustif, mais ceux qui demeurent démontrent parfois une certaine ancienneté. Souvent dédaignés car considérés comme une pollution visuelle, ces graffitis ont pourtant été laissés par les hommes des temps passés et ouvrent des fenêtres sur l’histoire et l’économie ancienne du terroir. Quelques auteurs se sont déjà penchés sur les inscriptions anciennes [par ex. Lamiable, 2006 ; Bigot, 2011 ; Ladurée & al., 2013 ; collectif GSAM sur www.speleomandeure.fr] : le présent article invite à explorer l’histoire cachée derrière quelques graffitis à forte valeur patrimoniale relevés dans la grotte de la Lare.
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Yago Delannoy, Robin Letscher, Edwige Pons-Branchu, Fabien Hobléa, Stéphane Jaillet, Jules Kemper : La grotte de Hautecourt, un jalon géomorphologique clé de la vallée du Suran (Ain, France), p31-46
Résumé
La grotte de Hautecourt (Ain,France), dans la vallée du Suran est une cavité atypique du Jura méridional : cette grotte perchée dans les calcaires pseudolithographiques du Tithonien, déconnectée de tout bassin d’alimentation et contenant des sables siliceux intriguant compte tenu de la nature calcaire des roches environnantes. Une analyse multi-échelle du karst local - comprenant identification de niveaux d’étagement karstique, évolution spéléogénique de la grotte de Hautecourt et approche préliminaire des dépôts sableux endokarstiques – a ainsi été lancée en 2018 dans le cadre de l’étude scientifique de la Réserve de la grotte de Hautecourt. Une cartographie géomorphologique exhaustive de la grotte, des prélèvements de sédiments et une prospection d’identification géomorphologique des karsts alentour ont permis d’apporter de nouvelles clés de compréhension et de nouveaux questionnements quant à l’évolution géomorphologique de la vallée du Suran : une histoire large regroupant plusieurs étapes de karstification successives de la vallée du Suran depuis la fin du Miocène en lien avec des abaissements successifs du niveau de base, au sein de laquelle on distingue différentes phases d’évolution spéléogénique de la grotte de Hautecourt (paragenèse, écroulements, dépôts sédimentaires, fermeture) en lien avec certaines évolutions paléogéographiques plus vastes, et deux phases d’injection de dépôts souterrains dans des niveaux karstiques différents. Cet emboîtement d’échelles et d’enchaînements spatiotemporels permet à la fois d’ancrer les mémoires de la grotte de Hautecourt dans un contexte géomorphologique plus vaste et de poser de nouvelles questions quant à l’histoire morphologique ancienne du Jura.
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R. Lawrence Edwards, Hai Cheng, Serge Delaby, Sophie Verheyden, Sabine Blockmans, Yves Quinif : La grotte du Pont d’Arcole (Hastière, Belgique) : Dépôts et relation avec l’enfoncement de la Meuse, p47-60
Résumé
La grotte du Pont d’Arcole se développe dans les calcaires tournaisiens du Bassin de Dinant redressés à la verticale. Elle se situe dans la vallée du Féron, affluent de la Meuse, où elle constitue une autocapture souterraine de la rivière. Deux galeries structurent cette cavité, supérieure et inférieure, reliées par une zone topographiquement complexe à dominante verticale. La galerie supérieure est un tunnel rectiligne entre deux orifices ; elle constitue un recoupement souterrain du méandre.
Elle exploite les plans de stratification verticaux. Les parois sont sculptées de coups de gouge et de chenaux longitudinaux en voûte. La galerie inférieure est creusée soit au détriment des joints verticaux, soit au détriment d’un joint horizontal. La présence de strates fantômisées laisse présumer une première phase de karstogenèse par fantômisation. La zone verticale dérive d’un couloir fantômisé dans lequel des blocs ont été épargnés par l’altération.
L’érosion mécanique de l’altérite résiduelle lors du creusement de la vallée du Féron a provoqué l’affaissement des blocs entre les parois verticales. Ensuite, les circulations fluviatiles ont continué à sculpter les parois de coups de gouge.
L’intérêt principal de cette cavité réside dans ses dépôts. La galerie supérieure, notamment, est colmatée sur une importante partie de sa section entre les deux orifices par une série sédimentaire comprenant à la base une formation épaisse de galets non triés emballés dans des sédiments plus fins, suivie d’une formation limoneuse de quelques décimètres d’épaisseur. Cet ensemble détritique est coiffé d’une formation stalagmitique avec un plancher basal supportant des stalagmites et colonnes.
La formation à galets s’avère être une mixite, une lave torrentielle mise en place par coulée boueuse. La présence de strates d’argile dans cette mixite témoigne de phases d’arrêt. La formation limoneuse supérieure comprend une large part de loess. Une première datation U/Th d’un échantillon du plancher a donné un âge de 175.000 ± 3.560 a. BP, ce qui place cet échantillon au début de la dégradation climatique de la période glaciaire du stade isotopique 7 [Barker et al., 2011 ; Past Interglacials Working Group of PAGES, 2016]. D’autres datations ont été réalisées au sein d’une coupe 2 où des âges entre 356.000 et 112.000 ont été obtenus. Elles permettent de positionner chronologiquement une séquence complexe où alternent phases de sédimentation détritique, phases érosives et développements stalagmitiques. Enfin, la position de cet ensemble sédimentaire permet d’apporter un jalon chronologique à l’enfoncement de la Meuse, niveau de base du Féron.
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Grégory Dandurand : Documentation : Paysages pour l’Homme Actes du colloque international en hommage à Paul Ambert, Cabrières (Hérault), 15-19 octobre 2019, p61-62
Christophe Gauchon : Documentation : 14-18 La Terre et le Feu. Géologie et géologues sur le front occidental, p62-63
Christophe Gauchon : Documentation : Underland, p63-64