Benjamin Lans, Richard Maire, Richard Ortega : Les stalagmites du réseau du trou Noir (Gironde) : rôle de l’effet de site dans l’enregistrement du signal climatique et environnemental, 1-22
Résumé
Le réseau du trou Noir est un système karstique actif, de type perte-résurgence, se développant dans les calcaires poreux oligocènes du bas plateau de l’Entre-deux-Mers (Gironde). Six stalagmites fonctionnelles ont été prélevées pour analyser l’enregistrement du signal environnemental en fonction de l’effet de site à l’intérieur de la grotte. Les marqueurs étudiés sont les fabriques cristallines, les indicateurs périodiques (lamination), les discontinuités ou diasthèmes, la porosité, la matière organique, et la radioactivité. En raison d’un rétrécissement situé vers le milieu du réseau, les trois spéléothèmes situés en amont ont enregistré de manière variable les fluctuations du niveau de la rivière, notamment des phases de sédimentation détritique (alternances argile/calcite), d’érosion (surface de ravinement interne), des chocs mécaniques (concrétions fissurées). En aval du rétrécissement, les trois autres stalagmites n’ont pas subi de phase d’ennoiement ; dans la galerie fossile de sortie, deux stalagmites ont enregistré le rôle biologique de filaments bactériens ou mycéliens en raison de la présence de matière organique, notamment du guano car la cavité est un refuge pour des colonies de chiroptères (site protégé Natura 2000). Le réseau du trou Noir se présente comme un modèle de cavité active très récente qui a bien enregistré l’évolution holocène et particulièrement le Petit Âge Glaciaire (stalagmites à alternances argile/calcite) et la période actuelle.
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Claude Lamouroux, Hacène Alayat : Evolution spatio-temporelle du chimisme des eaux thermominérales des monts de la Cheffia (nord-est algérien), 23-28
Résumé
Les Monts de la Cheffia, située à l’extrême NE algérien, sont le siège de sources thermominérales. Les plus visitées par les curistes sont celles de Hammam Sidi Trad, Zatout et Beni Salah. Les autres sources sont délaissées faute d’accès aménagés. Les résultats préliminaires de l’étude des eaux de ces griffons sont présentés dans cette note.
Les premières analyses, dont nous avons connaissance, remontent à 1968. Les données recueillies (2001, 2002) ont permis la caractérisation physico-chimique des eaux, illustrée par leur projection sur le diagramme de Piper et par l’analyse statistique. Nous avons pu identifier plusieurs faciès chimiques et distinguer deux groupes de griffons :
* l’un caractérise les eaux non salines ou peu minéralisées et à odeur d’hydrogène sulfuré représenté par Sidi Trad ;
* l’autre caractérise les eaux salines, riches en bicarbonate et en CO2 dissous des autres griffons.
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Stéphanie Gallino : Le karst du dôme anticlinal d’Aix-les-Bains : nouvelles données sur le panache hydrothermal, 29-33
Résumé
Les sources Alun et Soufre émergent sur la retombée ouest de l’anticlinal d’Aix-les-Bains après avoir traversé depuis 2200 m de profondeur, à l’aide de fractures verticales, 1700 m de calcaires, puis la couche terminale urgonienne karstifiée. Cette couche entraîne une divergence de flux puisque l’on trouve dans un rayon de 300 m, quatre émergences thermales ou possédant des eaux à caractéristiques thermales. L’objectif de cette étude est de mettre en évidence, à l’aide d’un traçage, les relations qui peuvent exister entre ces différentes émergences et ainsi de mieux cerner le schéma de circulation dans sa partie terminale. Le traçage met en évidence une interconnexion physique entre les sources Alun et Soufre et le siphon thermal Therminator. Il permet également de repositionner le tronc de remontée thermale entre le siphon Therminator et la source Alun.
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Ludovic Mocochain, Jean-Yves Bigot, Georges Clauzon, Marc Faverjon, Philippe Brunet : La grotte de Saint-Marcel (Ardèche) : un référentiel pour l’évolution des endokarsts méditerranéens depuis 6 Ma, 34-50
Résumé
Le plateau de Saint-Remèze est formé d’une plateforme carbonatée d’âge mésozoïque qui borde la moyenne vallée du Rhône. Cette plateforme est intensément karstifiée, comme l’atteste la grotte de Saint-Marcel dont le développement dépasse 53 km. La grotte de Saint-Marcel présente un étagement des réseaux sur plusieurs niveaux. Deux de ces niveaux (intermédiaire et supérieur) présentent des conduits dont une grande partie est abandonnée par les écoulements, ils présentent de grandes sections de conduits qui se développent horizontalement sur plusieurs kilomètres. Le troisième niveau (inférieur) est actif et partiellement noyé, il a été reconnu en plongée jusqu’à 65 m sous le niveau de l’Ardèche. L’étagement des niveaux horizontaux n’a aucun lien avec la structure géologique qui est recoupée sans distinction. Cette observation permet de saisir le rôle structurant du niveau de base et de prendre en compte son évolution dans la formation du karst ardéchois.
Dans le périmètre des gorges de l’Ardèche et de la moyenne vallée du Rhône, l’investigation des niveaux repères générés par la crise de salinité messinienne permet une restitution de l’évolution du niveau de base régional. Cette restitution de l’évolution des niveaux a permis d’étudier la grotte de Saint-Marcel dans un cadre géodynamique et chronologique d’une durée de six millions d’années. Couplées aux variations du niveau de base, les investigations morphologiques menées dans la grotte ont restitué trois grandes phases de spéléogenèse et deux grands modes de circulation des eaux souterraines. Il s’agit en premier lieu de la structuration en profondeur du drainage du plateau de Saint-Remèze lors du creusement des canyons messiniens durant la crise de salinité. Au lendemain de la crise, à 5,32 Ma, la transgression pliocène a provoqué une brusque remontée du niveau de base produisant un refoulement hydrologique aux exutoires du karst messinien. La résistance hydraulique a déclenché le creusement per ascensum de conduits vauclusiens : les puits-cheminées. La réponse du système de drainage s’est reproduite au cours du Pliocène à chaque stade de la remontée du niveau de base. Durant le Pliocène (5,32 à 2 Ma), lors du remblaiement des rias, l’Ardèche a aussi connu de longues phases de stabilité propices à la spéléogenèse. Il s’agit d’un drainage des eaux du plateau de Saint-Remèze sur lequel se sont connectés de larges recoupements souterrains de méandre de l’Ardèche.
L’observation détaillée des grands niveaux de l’endokarst a révélé en retour l’existence de stades intermédiaires dans l’évolution du niveau de base et permis d’affiner et d’enrichir la connaissance de l’évolution du niveau de base régional.
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Christophe Gauchon : Grottes et karsts d’Europe centrale dans les Encyclopédies françaises du XVIIIe siècle, 51-58
Résumé
Le xviiie siècle est marqué en France à la fois par un grand progrès des sciences naturelles en général et de la connaissance des grottes en particulier, et par un mouvement d’idées qui va se traduire par la publication de grandes encyclopédies qui se donnaient pour but de proposer une somme du savoir humain. La plus célèbre est bien sûr l’Encyclopédie en 17 tomes dirigée par Diderot et d’Alembert [1751-65], mais, jugée trop irrévérencieuse et d’esprit trop libre, d’autres encyclopédies lui furent opposées, comme le « Dictionnaire de Trévoux » d’inspiration jésuite.
La lecture des ces encyclopédies révèle un intérêt certain pour le monde souterrain, des dizaines de cavités sont citées et décrites ; en effet le karst profond est un bon « terrain » pour l’affrontement entre les vieilles croyances, parfois les superstitions, et les entreprises rationalistes.
Certes, les phénomènes du Karst de la Carniole sont bien représentés, mais on trouve aussi mention de grottes de Styrie, de Dalmatie, de Hongrie… On s’appuiera donc sur ces sources historiques qui connurent en leur temps une grande diffusion pour comprendre ce que les Lumières avaient saisi des réalités karstiques, pour essayer d’identifier les sources des Encyclopédistes et pour dresser un panorama de la géographie savante du monde souterrain au xviiie siècle.
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