Andrzej Tyc, Giovanni Badino, Arrigo Cigna, Paolo Forti, Jerzy Glazek : Marian Pulina (1936-2005), créateur de l’Ecole polonaise de karstologie, 1-3
Résumé
C’est avec beaucoup de chagrin que nous annonçons la disparition du professeur Pulina, doyen de la spéléologie et de la karstologie polonaises, décédé à Katowice, dans l’après-midi ensoleillé du 22 octobre 2005, entouré de sa famille et de ses plus proches amis.
Cacher ce résumé
Jean Nicod, Jean-Noël Salomon, Philippe Audra, Michel Chardon, Jean-Jacques Delannoy, Roger Laurent, Richard Maire, Tatiana Muxart, Roland Muxart, André Tarrisse, Nathalie Vanara : Marian Pulina : plus de 40 ans de relations scientifiques entre la Pologne et la France, 3-6
Anne-Sophie Perroux : Intérêt des sédiments détritiques endokarstiques en tant qu’archive naturelle : Discussion autour des dépôts lacustres souterrains (Grottes de Choranche - Vercors), 7-20
Résumé
Parmi les différentes archives naturelles environnementales, le cas des dépôts détritiques souterrains a été jusqu’alors quelque peu délaissé, en particulier par les analyses et traitements haute résolution. Au travers de l’étude de l’accumulation sédimentaire du lac de la Cathédrale (Grottes de Choranche, Vercors), cet article montre le potentiel d’informations que renferment ces dépôts. À partir de carottes sédimentaires prélevées dans le lac, différentes données sont mesurées (granulométrie, spectrocolorimétrie, susceptibilité magnétique et imagerie en niveaux de gris) puis soumises à des traitements statistiques (ACP, images de Passega…) et du signal (décomposition en ondelette).
La stratigraphie des charbons piégés dans le sédiment, et datés par la méthode du carbone 14, n’apparaît pas suffisamment cohérente pour proposer un modèle âge-profondeur satisfaisant. Seules quelques dates permettent de poser que le remplissage sédimentaire du lac couvre au moins les 4000 dernières années, avec un taux moyen de sédimentation estimé à 1,87 mm/an. Les autres résultats de ce travail permettent de comprendre les dynamiques de transport et de dépôt des particules sédimentaires dans un lac endokarstique, notamment en ce qui concerne les épisodes de crue. Le lac de la Cathédrale a un fonctionnement à dominante binaire, avec une sédimentation de fines principalement (décantation), ponctuellement interrompue par les épisodes de crues, qui ont elles-mêmes deux dynamiques différentes (phénomène brutal ou progressif dans la sédimentation). Enfin, l’étude des différents signaux met en évidence un grand nombre de facteurs intervenant dans le contrôle de la sédimentation ; ces facteurs semblent agir majoritairement sur de « petites » échelles de temps (plus de 80 % de la variation du signal granulométrique sont liés à des phénomènes dont la période est inférieure à 40 ans, selon le cadre chronologique posé en première hypothèse).
Le travail réalisé à Choranche montre que les sédiments détritiques endokarstiques contiennent des archives à haute résolution des évolutions environnementales. Sous réserve d’un positionnement chronologique plus précis que celui dont nous disposons à ce jour, les interprétations et reconstitutions paléoenvironnementales permettront d’aller plus loin dans leur lecture.
Cacher ce résumé
Laurent Bruxelles, David Colonge, Thierry Salgues : Morphologie et remplissage des dolines du Causse de Martel d’après les observations réalisées au cours du diagnostic archéologique de l’aérodrome de Brive-Souillac (Corrèze et Lot),
Résumé
Une opération de diagnostic archéologique a été menée par l’INRAP sur le Causse de Martel. A cette occasion, 610 sondages à la pelle mécanique ont été réalisés, localisés majoritairement dans le fond des dolines.
La morphologie des dépressions présente le plus souvent une dissymétrie nette. On observe donc un versant en pente douce sous-tendu par la présence d’altérites sableuses. Il s’oppose à une bordure de corrosion assez raide développée dans les calcaires bathoniens. Les coupes relevées montrent une accumulation de plusieurs mètres de sédiments variés. Ainsi, à la base, on trouve des dépôts périglaciaires (grèzes et limons jaunes) qui ont fossilisé des vestiges archéologiques du Paléolithique moyen. Juste au-dessus, des argiles brunes à cailloutis calcaire reposent en discordance. Grâce à la présence de matériel archéologique, on peut caler la mise en place de ce niveau depuis la Protohistoire jusqu’à l’époque médiévale. Enfin, un à deux mètres de colluvions agricoles modernes terminent la séquence.
Ces observations mettent donc en évidence au moins deux périodes principales de colmatage de ces dolines. Elles correspondent à deux phases majeures de déséquilibre des versants. La première est d’ordre climatique (périglaciaire) et la seconde d’origine anthropique (déboisements et mise en culture). Ces accumulations reposent sur les formations sous-jacentes par l’intermédiaire de surfaces d’érosion nettes. Ces dernières matérialisent des reprises du soutirage karstique et l’érosion d’une partie du remplissage de la doline. Ce fonctionnement correspond également à des périodes pendant lesquelles les apports colluviaux sont moins importants et traduit donc une certaine stabilité des versants.
Enfin, la morphologie du substrat rocheux et la géométrie des dépôts montrent que le paysage karstique, nettement plus différencié avant la Protohistoire, a subi un important colmatage. Il empâte la base des morphologies karstiques qui se présentent aujourd’hui sous la forme de dolines à fond plat.
Cacher ce résumé
Jean Nicod : Jean-Claude Frachon (1944-2005) = In memoriam, 55-56
Stéphane Héritier : Phénomènes karstiques et tourisme dans les parcs nationaux de l’Ouest canadien : la mise en valeur progressive d’un patrimoine naturel, 33-48
Résumé
La création des parcs nationaux canadiens dans la cordillère canadienne (Rocheuses et Selkirk, Alberta et Colombie Britannique) à partir de 1885 constitue l’origine de la mise en valeur des montagnes de l’Ouest. Les compagnies de chemin de fer créant les voies transcontinentales vont jouer un rôle décisif dans la mise en valeur touristique des parcs des montagnes.
La publicité et la notoriété de ces parcs se fondent sur des paysages de montagne présentés comme exceptionnels. Progressivement, les paysages stricto sensu ne constituent plus qu’une partie de la ressource touristique qui s’étend à des formes spécifiques et à des processus diversifiés : les processus et les formes glaciaires [Sanguin & Gill, 1990], les chutes d’eau, les lacs, mais aussi les grottes, les gorges (ou canyons), les sources karstiques, etc.
L’histoire de la mise en valeur est lente et elle s’étend sur un siècle à mesure des découvertes. Les usages évoluent également.
Certains sites karstiques sont immédiatement utilisés comme support de l’activité touristique (les canyons ou les sources), tandis que d’autres vont connaître une activité industrielle avant d’être cantonnés dans la seule fonction touristique. Progressivement, les sites karstiques sont utilisés exclusivement à des fins touristiques, les modelés servant souvent de support à l’élaboration d’un discours d’interprétation destiné à présenter les processus élémentaires de constitution des formes de reliefs. Au fil du temps, les phénomènes karstiques sont devenus des « objets » utiles au développement touristique contribuant à l’apprentissage des processus naturels.
Plus d’un siècle d’usage de ces sites a contribué à valoriser leur intérêt esthétique, culturel, écologique et notamment scientifique dans deux directions complémentaires : le développement touristique pour certains sites (hydrokarst notamment) et la protection stricte [Horne, 2004-b], fondée sur les principes d’intégrité écologique. Ainsi, il ressort que ces géomorphosites sont aujourd’hui dotés d’une valeur patrimoniale héritée d’une lente évolution à l’intérieur de ces espaces « naturels » préservés.
Cacher ce résumé
Jean Sesiano : Evolution actuelle des phénomènes karstiques dans la Cordillera de la Sal (Atacama, Nord Chili), 49-54
Résumé
Une seconde campagne d’observations a été menée à fin 2005 sur le diapir de sel de la Cordillera de la Sal, sur la bordure ouest du Salar de Atacama, au nord du Chili. Elle faisait suite à une première visite en 1996. Cela nous a permis de constater la lenteur des processus d’érosion dans cette région, l’une des plus arides du globe. Un deuxième réseau de drainage partiellement souterrain a été topographié. Quelques pertes, partiellement obstruées par des dépôts éoliens, ont été relevées. Le devenir des eaux qui s’y écoulent occasionnellement peut se poser, le poljé où elles se situent étant
à une altitude un peu plus élevée que le Salar de Atacama. La fracturation importante de la Cordillera de la Sal, orientée N 140°, nous fait penser qu’elles peuvent être l’une des recharges possibles de l’aquifère alluvionnaire situé sous le Salar, l’autre provenance étant les eaux issues des Andes. Des observations sur une base de temps plus longue que la décennie nous permettront sans doute de discerner une évolution.
Cacher ce résumé