Jean-Louis Guendon, Christophe Depambour : Eléments de réflexion sur la morphogenèse des plateaux de Vaucluse (France) : les apports du karst superficiel, 1-14
Résumé
Grâce à l'étude des principales formes du karst superficiel un premier schéma d'évolution des plateaux de Vaucluse peut être proposé. Les paléo-surfaces aujourd'hui perchées et/ou déformées sont des témoins d'anciennes phases majeures d'aplanissement, à caractère régional, sans doute d'âge anté-miocène. L'ensemble des surfaces intermédiaires (850 m) semble recouper les dépôts miocènes (Burdigalien) du fossé d'Aurel/Sault. Il révèle ainsi une phase majeure d'aplanissement post-miocène. Ces surfaces d'aplanissement karstique devaient être en relation avec les vastes poljés des secteurs de Saint-Christol et du fossé de Sault. Leur genèse, liée à des dysfonctionnements du drainage endokarstique, pourrait être liée à la transgression pliocène. Les gorges de la Nesque, éléments structurants majeurs du paysage, présentent, de part et d'autre du Rocher du Cire, deux parties distinctes, ayant des morphologies propres. La partie aval, large et ouverte, se serait creusée par érosion régressive à partir d'une reculée karstique peut être depuis la fin du Miocène. La partie amont, étroite et encaissée se serait incisée, après capture du poljé de Sault, sans doute lors des phases froides du Quaternaire.
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Janine Gibert, Louis Deharveng, Florian Malard, Marie-José Dole-Olivier, David Ferreira : Faune aquatique souterraine de France : base de données et éléments de biogéographie, 15-22
Résumé
De nombreuses données existent sur la faune aquatique souterraine de France mais elles sont encore dispersées. Depuis 2002, un effort a été entrepris pour rassembler sous la forme d'une base de données, les informations disponibles concernant la distribution de cette faune aquatique souterraine de France. Un premier bilan en est présenté dans cet article. La base comprend actuellement 381 espèces et sous-espèces correspondant à plus de 5700 enregistrements. Cette diversité place la faune française parmi l'une des plus riches faunes aquatiques souterraines d'Europe. Le bilan réalisé montre que l'état actuel des connaissances est très hétérogène en fonction du groupe zoologique considéré et de la région étudiée. La base de données sera utilisée pour identifier les régions à forte de biodiversité (richesse spécifique, endémisme) et les aires françaises de conservation prioritaires. Elle permettra également de formuler et de tester différentes hypothèses sur l'origine et les facteurs responsables de la biodiversité aquatique souterraine.
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Jacques Schroeder, Joseph Rehak, Marian Pulina : Les cavités glaciaires sous le regard spéléologique, 23-36
Résumé
L'exploration spéléologique des moulins, des tunnels sous-glaciaires et des galeries intraglaciaires permet de recueillir des informations qui aident à mieux comprendre le comportement des glaciers en mouvement. Pour relever ces "réalités-terrain", il faut d'abord concevoir comment apparaissent et évoluent les cavités intra et sous-glaciaires.
Elles sont de quatre types :
1) celles, d'origine hydraulique, creusées par les eaux de fonte ;
2) les crevasses proprement dites ;
3) les cavités d'origine volcanique ;
4) les cavités de décollement. Les données directement observables par les spéléologues doivent toujours être calées dans le temps.
Elles concernent :
1) la localisation des cavités et de leur zone d'alimentation ;
2) la morphologie des entrées accessibles ;
3) l'état et le stress de la glace hôte des cavités ;
4) une morphométrie documentée des vides explorés ;
5) les variations de niveau des eaux piégées, leur ancienneté relative et la charge solide présente, sa nature et sa disposition s'il y a lieu.
On propose que ces données figurent sur les plans, les coupes et les sections que dressent habituellement les spéléologues. Car ces documents sont facilement transmissibles et consultables par une communauté scientifique élargie.
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Barbara Stenni, Roberto Udisti, Valter Maggi, Alfredo Bini, Michele Citterio, Stefano Turri : Etude glaciologique et climatologique des cavités glacées du Moncodeno : (Grigna septentrionale, province de Lecco, Lombardie), 37-44
Résumé
La présence de neige et de glaces pérennes dans les gouffres du Moncodeno est connue depuis longtemps, et pourtant aucune étude détaillée ne leur a jusqu'ici été consacrée.
Trois carottes de neige et de glace ont été prélevées dans ces cavités, et des analyses chimiques, isotopiques, cristallographiques ont été menées, ainsi que des études sur leur texture. En croisant ces observations avec les données morphologiques, stratigraphiques et structurelles des accumulations nivo-glaciaires, et avec les enregistrements climatologiques en surface et sous terre, il a été possible de caractériser les processus d'accumulation et de fournir une fourchette (une limite haute et plusieurs limites basses) sur l'âge de ces dépôts. L'échantillon le plus intéressant, prélevé à environ 80 m de profondeur entre deux puits du gouffre "sul margine dell'Alto Bregai" montre, sur plus de 15 m d'épaisseur, une succession de strates de glace transparente. La situation de ce glacier suspendu, éloigné de l'orifice, fait que les chutes de neige ne peuvent l'alimenter. La texture et la cristallographie, associées aux données chimiques et isotopiques, indiquent qu'il s'agit là d'une glace de lac. Mais on n'observe plus aujourd'hui d'accumulation, et le niveau de la glace a baissé d'au moins trois mètres en 30 ans. Le puits sous-jacent, parfois déglacé dans le passé sous l'action des circulations d'air, draine les eaux de fonte si bien que le lac souterrain ne peut plus se former. L'étude de la stratigraphie et de la glacio-tectonique démontre l'existence d'au minimum trois cycles d'accumulation et d'ablation. Si on les compare aux précipitations locales actuelles et aux évolutions publiées dans la littérature, la composition chimique de la glace et les valeurs du δ18O montrent que cette glace doit être postérieure à la dernière période glaciaire mais a dû précéder les débuts de l'activité industrielle.
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Baudouin Lismonde : François Martineau (1977-2003) = In memoriam, 52
Résumé
François Martineau nous a quittés dans la nuit du 28 au 29 novembre 2003.
Ce jeune chercheur s'était intéressé au karst depuis l'automne 2001 dans le cadre d'une thèse de géologie préparée conjointement chez Elf à Pau et à l'OSUG à Grenoble, sous la direction d'Annie Arnaud. Sa recherche devait constituer un maillon dans le grand effort entrepris par les pétroliers pour modéliser un réseau karstique sur la base de mesures géophysiques, de sondages et de reconstitutions paléogéographiques. Les plus grandes réserves de pétrole se situant dans des plates-formes carbonatées karstifiées, la localisation des karsts permettrait de faciliter la prospection et d'économiser les forages de reconnaissance.
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Luisa Zuccoli, Achille Zirizzotti, Ignazio E. Tabacco, Frédérique Rémy, Alessandro Forieri, Alfredo Bini : Un karst sous la glace de l'Antarctide ?, 45-49
Résumé
L'article présente une nouvelle carte de la topographie sous-glaciaire dans le secteur de Dôme C (Antarctique) levée sur la base de données radar collectées par des chercheurs italiens et français lors des campagnes menées en 1995,1997,1999, 2001. Sur la carte, il est possible de distinguer nettement la surface du Dôme C parcourue par des vallées et des alignements de reliefs. Le plateau se développe à trois niveaux altitudinaux, et sa morphologie présente de nombreuses collines et dépressions fermées. Les formes visibles ne peuvent être mises en relation avec des mécanismes d'érosion ou de dépôts glaciaires.
La vallée principale est large de 15 kilomètres et profonde de 500 mètres. Son axe est parallèle à celui des autres chaînes et vallées qui sillonnent le plateau. Le fond de cette vallée n'est pas plat mais s'articule de part et d'autre d'un col.
Sa morphologie laisse penser qu'il s'agit d'une relique qui a été peu retouchée par la calotte glaciaire sus-jacente. L'aire étudiée est bordée Par deux chaînes importantes, caractérisées par la présence de collines, d'ensellements et de dépressions.
Le "paysage" de collines et de dépressions peut résulter de deux types de processus : soit de l'altération de roches granitiques, avec le développement de demi-oranges et d'inselbergs, soit de la karstification de calcaires aboutissant à un karst à cônes. L'hypothèse karstique paraît la plus vraisemblable, même si l'on ne peut exclure l'autre hypothèse. Toutes deux supposent, pour aboutir à de pareilles formes, un climat chaud et humide et une longue période de stabilité dans un environnement continental. Après quoi la calotte glaciaire n'aurait finalement que peu modifié le "paysage".
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