John Irish, Eugène Marais, Jacques Martini : Contribution à l’étude du karst et des grottes du Kaokoland (Namibie), 1-8
Résumé
Les auteurs décrivent le karst dolomitique du Kaokoland, une région aride de la Namibie qui est peu connue spéléologiquement. La géomorphologie, le régime de l'écoulement karstique et la chimie des eaux sont passés en revue. Bien que la surface du karst soit vaste, les grottes sont rares et géné ralement réduites à de grandes salles uniques, qui ne se sont appa remment pas connectées à des réseaux de galeries. Sept de ces grottes sont décrites en détail, de même que leur minéralogie qui est variée et comprend des espèces peu communes. Ce karst est comparé avec d'autres karsts d'Afrique australe, lesquels se sont développés dans des régions plus humides. Un modèle de spéléogenèse est proposé, qui implique le mélange d'eaux de la nappe karstique superficielle avec des eaux anoxiques profondes sulfurées, expliquant ainsi le développement très localisé de larges cavités.
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Christian Thomas : Aspects hydrogéologiques du Yucatan (Mexique), 9-22
Résumé
Les karsts ennoyés sont particulièrement bien représentés dans la péninsule du Yucatan [Mexique]. Les explorations spéléonautiques et les relevés hydrologiques et physico-chimiques des cavités littorales et sous-marines ont permis d'appréhender les principales caractéristiques hydrogéologiques de ce type de karst. Cet article traite plus spécifiquement du fonctionnement hydrogéologique de ces karsts littoraux particuliers, notamment l'influence des marées sur les écoulements karstiques, la salinisation des eaux continentales, l'évaluation des réserves d'eau douce. Un essai de quantification de l'ablation karstique est également proposé. Une comparaison est donnée avec d'autres karsts du même type : Lifou [Nouvelle Calédonie], Nullarbor [Australie].
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Yves Perrette : Les stalagmites : archives environnementales et climatiques à haute résolution : présentation des protocoles d'étude et premiers résultats sur des spéléothèmes du Vercors, 23-44
Résumé
À la croisée des questionnements karstologiques et environnementaux, l'étude des spéléothèmes s'est développée depuis la fin des années 80. L'objectif de cet article est de faire le point sur les différents modes d'archivages stalagmitiques et sur les différentes mémoires contenues dans les spéléothèmes. Pour rendre plus concrètes les différentes notions et méthodes employées, nous présentons ici les enseignements environnementaux et climatiques collectés à partir de l'étude de concrétions du Vercors (Alpes occidentales). Afin de sortir des informations environnementales des archives spéléothémiques, il est important de bien saisir les différents paramètres hydrologiques et chimiques qui contrôlent la croissance de ces dépôts. Ces paramètres sont abordés dans cet article notamment les aspects hydrologiques de la zone vadose grâce aux expérimentations réalisées au laboratoire souterrain des Grottes de Choranche (Vercors, France) ; ces expérimentations nous ont permis de mieux comprendre le fonctionnement du microdrainage qui alimente les spéléothèmes. Cette approche nous permet ainsi d'associer les différents types de spéléothèmes aux modes d'écoulements relevés dans la zone vadose (écoulement capacitif vs écoulement transmissif). Par ailleurs, la connaissance des contrôles de la cristallisation ainsi que le développement de nouvelles méthodes d'imagerie laser nous ont également permis de travailler à haute résolution spatiale sur les différentes laminations. La lamination visible (de réflectance) est traitée en tant qu'indicateur climatique et a permis de mettre en évidence les effets de forçages solaire et atmosphérique sur le climat du Vercors. Les lamines invisibles (de fluorescence) ont également été étudiées, essentiellement en tant que géochronomètre permettant de travailler finement sur les rythmes de croissance dans lesquels on a retrouvé les mêmes forçages atmosphériques et solaires. L'ensemble des informations climatiques, environnementales et anthropiques pouvant être actuellement tirées des spéléothèmes sont présentées dans cet article, au travers de l'exemple du massif du Vercors.
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Christophe Gauchon : L’adoption du terme de « karst » en France : approche historique d’un processus lexical décisif, 45-51
Résumé
Lors des rencontres ALCADI96 à Postojna, le professeur Ivan GAMS avait lancé un appel aux participants, les invitant à étudier la façon dont la notion de karst avait été introduite et adoptée parmi les géographes et spéléologues des différents pays.
En France, les phénomènes caractéristiques du Karst éponyme étaient connus depuis bien longtemps, parfois depuis la fin du XVIe siècle pour le lac de Zirknitz (Cerknisko Jezero). Mais de là à comprendre que le Karst pouvait constituer un modèle capable de rendre compte d'un certain fonctionnement hydrologique et morphologique, il y eut loin! Au début du XIXe siècle, les traits propres à la circulation de l'eau dans les pays calcaires sont bien reconnus, et certains auteurs proposent le Jura ou les Causses comme modèles. Or, c'est en 1879, pour la première fois semble-t-il, à propos du bassin d'alimentation de la Fontaine de Vaucluse que le Karst fut utilisé comme modèle explicatif par l'ingénieur Bouvier. On sait le combat d'arrière-garde que mena par la suite Martel contre le terme de karst, proposant de lui substituer celui de causse, mais il appartenait finalement à Cvijic de l'imposer au sein de la communauté géographique française.
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Jean Nicod : Georges Viers (1910-1998), In memoriam : son apport à la karstologie, 57
Résumé
Ce fut d'abord un instituteur parisien. Un problème de santé l'avait amené à se faire nommer à Saint-Étienne de Baïgorry, dans la vallée des Aldudes, au fin fond du Pays Basque. C'est donc au cœur de cette moyenne montagne verdoyante qu'il s'intéresse à la géomorphologie et qu'ayant suivi - avec grand mérite vu l'éloignement - des enseignements universitaires à Bordeaux, il peut soutenir sur cette vallée son premier mémoire. Il s'attaque ensuite à l'analyse géomorphologique de l'ensemble du Pays Basque - sujet délicat en raison du morcellement des unités des Pyrénées occidentales - et soutient sa thèse à Toulouse en 1960.
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Jean Clottes : François Rouzaud (1948 1999), In memoriam, 58
Résumé
Ce samedi 24 avril, un coup de téléphone m'apprenait que François venait de nous quitter, brutalement. Il avait passé ses derniers moments dans la grotte de Foissac, où il avait tellement travaillé depuis vingt ans. Il préparait des stages spéléos avec initiation à l'archéologie, mélangeant avec bonheur, comme il l'avait toujours fait au cours de sa vie professionnelle, les deux disciplines où il avait acquis une compétence enviable.
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Pierre-Yves Jeannin : Philippe Morel, In memoriam : un spéléologue passionné par l'étude des os, 58-59
Résumé
Dimanche 6 juin 1999 à la tombée de la nuit, un spéléologue et archéologue de grand renom nous a quittés. À la sortie d'une grotte renfermant des restes paléontologiques qu'il avait étudiés toute la journée, il a glissé sur le terrain détrempé et dévalé une falaise.
Philippe est né le 9 novembre 1959 à La Chaux-de-Fonds (Suisse). Vers 12 ou 13 ans, il découvre la spéléologie et le monde étrange des grottes. C'est dans les montagnes neuchâteloises qu'il s'initie à la spéléologie : il parcourt les gouffres jurassiens et y relève la présence fréquente d'ossements d'animaux les plus divers.
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Jean Nicod : Un cas d’école, l’affaissement du barrage de Zeuziers (Valais, Suisse) = Notes brèves : problèmes géotechniques et karstification, 52-53
Résumé
Le barrage-voûte de Zeuzier a été construit sur un verrou calcaire, dans la haute vallée de la Lienne (massif du Wildhorn). Les désordres survenus en 1978-79, en rapport avec le percement de la galerie de reconnaissance du tunnel routier du Rawil ont été minutieusement étudiés, spécialement par T. R. Schneider [1982] et G. Lombardi [1988]. Toutefois, dans l'analyse qu'il donne de ce dernier ouvrage, P. Duffaut [1998] n'évoque pas le problème d'une quelconque karstification. Cela m'a intrigué, et grâce à la littérature que M. Monbaron a bien voulu me procurer sur ce sujet, il m'est possible de présenter le problème et d'apporter quelques éléments de discussion.
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Pierre-Yves Jeannin : Thomas Bitterli, In memoriam : une vie au service de la spéléologie, 59-60
Résumé
Thomas Bitterli est décédé sous une cascade du Faustloch (Sieben Hengste, BE, Suisse) le 24 octobre 1998 en voulant gager une jeune spéléologue bloquée sous la chute d'eau.
Comme la plupart des spéléologues suisses, je suis choqué, triste, révolté.
Tout ce que nous puissions faire est de nous tourner un instant vers le passé et regarder avec admiration ce que Thomas nous laisse. Au cours de sa trop courte vie, il a su construire une œuvre colossale dont l'ampleur dépasse l'imagination. La vie de Thomas était rythmée par la spéléologie, activité dans laquelle il avait su trouver épanouissement et équilibre.
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