Richard Maire : Philippe Renault (1925-2001) : un des fondateurs de la spéléologie moderne, 1-10
Résumé
"Servi par l'époque et les circonstances, j'ai eu la chance de vivre de 1940 à 1997, le passage de la spéléologie de Martel - de Joly à la spéléo-karstologie actuelle", ainsi s'exprimait en 1997 notre regretté collègue et ami Philippe Renault lors de l'hommage qui lui a été rendu à la Sainte-Baume [Spéléo-Club de Paris, 1997].
Dans sa caverne documentaire, véritable sanctuaire du karst, au dernier étage de sa maison de Caluire, ce samedi 19 mai 2001 Philippe Renault nous a quittés. Dès la nouvelle connue, ce fut un grand choc pour tous. Philippe faisait partie du décor spéléologique français depuis si longtemps qu'on le croyait immortel. Le rappel de sa vie et de son œuvre est non seulement un devoir, une marque de respect et d'amitié, pour lui, sa famille et son épouse Monique, mais c'est aussi, comme il le souhaiterait, l'occasion de faire un peu d'histoire des sciences et de mettre les hommes et les événements en perspective.
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Yves Quinif : Hommage à Philippe Renault, 9
Résumé
Revenu depuis peu de mes années de travail en Algérie, je reprenais contact avec la spéléologie européenne, notamment en participant au Colloque de la S.S.S. à Porrentruy en 1978. J'ai eu la bonne fortune de rencontrer trois des spéléologues qui joueront un rôle de premier plan dans ma vie non seulement de spéléo mais aussi professionnelle : Alfredo Bini, Richard Maire et Philippe Renault. Si je connaissais épistolairement les deux premiers, je n'avais fait que lire le troisième au travers de ses ouvrages, surtout son livre dans la collection "Que sais-je ?" : La formation des cavernes et sa thèse : Contribution à l'étude des mutions mécaniques et sédimentologiques dans la spéléogenèse publiée en 1967 et 1968 dans les Annales de Spéléologie. Pour moi, jeune karstologue, la rencontre avec Philippe Renault était impressionnante car il représentait pour moi un des grands Messieurs de la karstologie avec 8. Cèze, F. Trombe et quelques autres. Son accueil fut simple et cordial. Il n'écrasait pas son interlocuteur de sa culture et de ses connaissances (qui étaient immen-ses) mais le mettait à l'aise et discutait "L'histoire des sciences ne se limite pas à un journalisme du passé, activité d'éru-dit ou de retraité, elle raconte une science qui vit en se transformant. L'analyse historique permet, dans une certaine mesure, de comprendre l'actualité et d'envisager le futur. Le passé de la spéléo-karstologie française nous donne une clef de son avenir".
Au terme de cette trop rapide rétrospective de sa vie d'homme et de savant, véritable roman, la personnalité de Philippe Renault apparaît alors avec plus de clarté. C'est celle d'un esprit indépendant, rebelle, vif, fier, caustique, mais également très humain, éminemment ouvert sur l'évolution de l'histoire des sociétés et de la science, fondamentalement en toute simplicité, avec une grande écoute. Cette rencontre est restée, pour moi, un grand souvenir.
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Jean-Joseph Blanc : Histoire géologique et enregistrement karstique : exemple du massif de Siou Blanc et de ses abords (Var), 11-22
Résumé
Le massif de Siou Blanc (Var) présente tous les caractères d'un karst de moyenne altitude (625 - 650 m) méditerranéen tempéré. Les alignements de dolines et ouvalas, le développement des réseaux souterrains paraissent subordonnés au canevas tectonique et à l'influence de la lithologie qui correspond ici à une importante série calcaire et dolomitique (500 à 900 m) appartenant au Bathonien-Coniacien. L'entrée descriptive permet d'établir une typologie des formes exokarstiques, notamment des dolines. Huit états ont été définis : dolines coniques, lobées, en baquets, dolines-avens circulaires ou elliptiques, dolines asymétriques écroulées, dolines effondrées, ouvalas allongés le long d'accidents failles et mégadolines. Ces états sont à nos yeux l'expression des conditions d'évolution qui ont marqué ce massif depuis le Miocène supérieur jusqu'à l'Actuel. Les poljés suspendus et déconnectés de la Limate et de Valbelle sont issus de paléo-réseaux dirigés d'est en ouest, individualisés au Miocène puis légèrement décalés par le rejeu des accidents décrochants au Messinien, également responsables du volcanisme d'Evenos. Les différents tronçons d'un paléo-réseau endokarstique, aujourd'hui disjoints, ont été décalés lors des mouvements tectoniques rapportés au Miocène supérieur et au Plio-Quaternaire. La karstification du massif de Siou Blanc et de ses environs, à la suite du paléo-karst des bauxites (Albien), présente une évolution polyphasée liée à la dynamique des marges méditerranéennes.
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Baudouin Lismonde : L’âne de Buridan, le principe de Curie et l’effet cheminée : courants d’air dans les cavités en forme de U, 23-28
Résumé
L'étude des courants d'air dans une cavité en forme de U montre en hiver l'existence d'un courant d'air.
C'est un bel exemple, en physique, de symétrie brisée.
En été, cette configuration est plutôt favorable à des oscillations lentes.
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Anne-Sophie Perroux : Etude du fonctionnement d’une cavité englacée durant un cycle climatique : site de la glacière d’Autrans (Vercors). Premiers résultats, 41-46
Résumé
Dans le cadre des recherches sur les enregistrements environnementaux à haute résolution dans les dépôts rythmés souterrains, nous menons une étude sur la Glacière d'Autrans dans le but d'analyser une carotte de glace souterraine. Les observations rapportées ici sont le fruit d'une étude préliminaire sur la glacière et sur son fonctionnement par rapport aux fluctuations climatiques externes actuelles. Il en ressort notamment l'identification de deux fonctionnements différents selon les saisons et l'importance de la morphologie de la cavité sur les courants d'air.
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Jean-Noël Salomon, Jean-Christophe Pellegrin : Hydrocompaction, dissolution, suffosion et soutirage : contribution à la formation des dépressions fermées, 54-56
Résumé
Dans cette note les auteurs apportent une définition aux quatre processus différents (hydrocompaction, dissolution, suffosion, soutirage), mais qui sont susceptibles d'aboutir à des morphologies de surface comparables, telles les dépressions fermées. Ils essaient de préciser les caractéristiques propres à chacun d'entre eux.
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Yves Quinif, Benoît Losson : La capture de la Moselle : nouvelles données chronologiques par datations U/Th sur spéléothèmes, 29-40
Résumé
La capture de la Moselle constitue l'une des réorganisations hydrographiques majeures de la Lorraine. C'est essentiellement sur la base de formations fluviatiles superficielles bien conservées que cette capture a été rapportée à la fin du Pléistocène moyen, ce qui est très jeune pour un événement géomorphologique de cette envergure. Par le biais de déterminations et de corrélations chronologiques entre différents paramètres et indicateurs épigés et hypogés de la région de la capture, un âge minimum de 300 000 ans issu de datations U/Th sur spéléothème est ici proposé pour caler ce détournement hydrographique. Ceci se révèle être plus ancien que toutes les évaluations temporelles jusqu'alors proposées, que ce soit en fonction du schéma chronologique glaciaire nord-européen ou sur la base d'une datation par thermoluminescence effectuée sur la Meuse aval. De toute évidence, le développement des datations absolues, par diverses méthodes et notamment celle très fiable de l'U/Th, amène à remettre en question les estimations chronologiques relatives des terrasses fluviatiles rapportées aux périodes glaciaires-interglaciaires.
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Gábor Tóth, Márton Veress : Formes et micro-reliefs de lapiès : approche morphométrique et morphogénique, application au massif de Totes-Gebirge (Autriche), 47-53
Résumé
L'étude sur les surfaces lapiazees proposée dans cet article a été réalisée dans le massif de Tote-Gebirge .en Autriche. Il s'agit d'appréhender l'agencement de microformes qu'on rencontre fréquemment dans les lapiés, notamment le développement "de buttes de lapiés" et de "hums de lapiés". Une classification de ces microformes est ici proposée. Ces microformes se développent souvent à l'extrémité des rigoles, à la convergence des rigoles ou encore par un phénomène de capture régressive. Après étude de ces microformes de lapiés, sont présentées les différentes méthodes mises en place pour étudier en détail les lapiés. Ces méthodes de relevé nous ont permis de mieux saisir le développement des "buttes de lapiés" et des "hums de lapiés" ainsi que leur évolution. L'étude morphogénique de ces microformes permet alors de connaître l'âge approximatif du développement des surfaces lapiazees. Les cartes présentées prennent en considération l'âge relatif du développement de ces formes karstiques et l'environnement des microformes ici étudiées.
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