Rachid Nedjaï, Hans Kraft, Rolf Apel, Guido Plassmann, Jean-Jacques Delannoy : Contribution spéléologique à la gestion durable d’un lac de montagne : traçages sur le bassin-versant du Königsee (Alpes de Berchtesgaden, Bavière, Allemagne), 1-12
Résumé
Cet article a pour objet de présenter les résultats de deux campagnes de colorations réalisées dans le massif du Simetsberg qui appartient à la Steinernes Meer (mer rocheuse) des Alpes calcaires orientales (Bavière - Allemagne). Ces campagnes avaient pour objectif de déterminer les sens et modalités du drainage karstique de ce massif afin d'appréhender le degré de vulnérabilité du lac du Königssee qui, en dehors de sa haute valeur écologique (eau oligotrophe d'une qualité exceptionnelle), constitue un des hauts lieux du tourisme bavarois. Plus de 800 000 touristes se rendent chaque année sur le site de St-Bartoloma. Du fait de la situation de ce karst au cœur du Parc national de Berchtesgaden, cette structure de protection a piloté ce projet en collaboration avec des karstologues français. La première campagne avait pour objet de définir les exutoires de la grotte de la Salzgraben, phénomène majeur de cette région alpine ; la seconde campagne était axée sur le traçage de trois pertes lacustres, dont une située à proximité d'un important refuge de montagne, source potentielle de contamination des eaux superficielles puis endokarstiques. Ces deux actions ont permis de mettre en avant d'une part, des liaisons hydrogéologiques directes entre ces pertes et la Salzgrabenhöhle, puis le lac de Königssee, et, d'autre part, le caractère très transmissif du karst.
Cette transmissivité du drainage karstique nécessite d'agir fortement au niveau de l'impluvium pour limiter tout risque de contamination du Kônigssee.
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Richard Maire, Stéphane Jaillet, Fabien Hobléa, Ultima Patagonia : Erosion et ruissellement sur karst nu en contexte subpolaire océanique : les îles calcaires de Patagonie (Magallanes, Chili), 13-18
Résumé
Au cours de l'expédition Ultima Patagonia (2000) qui a exploré le karst de l'île de Madré de Dios en Patagonie chilienne, les modalités de l'écoulement et de l'érosion ont fait l'objet d'observations et de mesures de terrain pour tenter d'expliquer l'hypertrophie et les caractères particuliers (formes profilées...) des lapiés spectaculaires qui défoncent les affleurements de calcaires et marbres. Des mesures hydrologiques et morphométriques ont été effectuées sur un petit bassin-versant d'environ 1000 m². Un premier traitement de ces mesures, rapporté au contexte climatique subpolaire océanique met en évidence la faiblesse de l'évaporation sur karst nu malgré le vent, et l'efficacité érosive du ruissellement. Ces mesures sont corrélées avec celles effectuées à partir des formes mises en saillie par érosion différentielle entre roches solubles et insolubles (tables de lapiaz, dykes...), qui montrent de plus le rôle du vent dans le profilage de formes de lapiés inconnues en dehors des îles calcaires de Patagonie. Le taux d'ablation exokarstique est de l'ordre de 100 mm/millénaire.
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Brahim Akdim, Yahia El Khalki : Les dolines d’effondrement et les dolines-lacs des Causses du sud-ouest du Moyen-Atlas (Maroc) : des dépressions liées à un contexte hydro-morphologique particulier, 19-24
Résumé
Les Causses du SW du Moyen Atlas présentent un grand nombre de phénomènes karstiques où prédominent les dépressions fermées et plus particulièrement les dolines d'effondrement. L'interférence entre la géomorphologie karstique de surface et les processus de karstification profonde se traduit par une morphologie de surface caractérisée par un développement important des dolines d'effondrement. L'inventaire de ces morphologies de surface et l'étude de leur répartition spatiale montrent une relation très étroite avec l'apparition des sources salées. La chimie et le tonnage rocheux exporté sont analysés et montrent l'importance du cavernement qui s'effectue au sein des formations gypso-salifères du Trias sous-jacent.
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Laurent Bruxelles : Reconstitution morphologique du Causse du Larzac (Aveyron, France) : rôle des formations superficielles dans la morphogenèse karstique, 25-40
Résumé
L'étude des sédiments post-jurassiques, des formations superficielles, et des dépôts piégés dans les cavités karstiques a permis, en les associant aux formes du relief, de reconstituer plusieurs événements majeurs dans l'évolution morphologique du Causse du Larzac. La découverte de témoins d'une couverture sédimentaire crétacée permet de saisir les premières étapes morphogéniques des plateaux des Grands Causses. Après l'épisode bauxitique, la transgression coniacienne a d'ailleurs fossilisé une paléotopographie différenciée sous une centaine de mètres de calcaires gréseux. Dans un second temps, l'érosion de ces dépôts libère une grande quantité de matériel. Il s'incorpore à des altérites variées, allochtones ou autochtones (formations quartzeuses, argiles à chailles), constituant une véritable couverture superficielle qui a contribué au développement d'aplanissements karstiques crevés de méga-dolines (sotchs). Entre l'Éocène et le Miocène, ces mêmes processus continentaux déterminent l'enfoncement
de la surface karstique scandé par des niveaux de replats emboîtés. Aux processus d'aplanissement se substituent ensuite des dynamiques d'érosion linéaire marquées par le creusement des canyons et des reculées karstiques. Depuis le Miocène, la surface du plateau est profondément affectée par le soutirage karstique qui engendre poljés, dolines et réseaux souterrains.
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Alain Perrineau, Jean-Paul Fabre : Mise en évidence du phénomène du « renard » : exemple des crues exceptionnelles des sources du Boulet-Blagour (Causse de Martel, Lot), 41-48
Résumé
Tous les trois ou quatre ans en moyenne, il se produit aux sources karstiques du Boulet et du Blagour une crue exceptionnelle. Exceptionnelle par son intensité, mais surtout par son mécanisme, différent de celui des crues habituelles. Son interprétation fait appel à la réalisation d'un modèle réduit qui montre que ce mécanisme met en œuvre l'effet "renard" et le phénomène de fluidisation, bien connus des hydrauliciens (surveillance des barrages), mais mal connus jusqu'alors
des hydrogéologues, faute d'exemples naturels.
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Jacques Choppy : Le rôle scientifique de Pierre Chevalier = In memoriam, 51
Résumé
La spéléologie française eut la chance de voir se succéder plusieurs hommes à l'activité multiforme : exploration de haut niveau, innovations dans le domaine du matériel, apport scientifique et vulgarisation, formation des débutants, récits d'exploration et animation des organisations. Pierre Chevalier fut l'un de ceux-là.
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Pierre-Yves Jeannin, Marc Luetscher : L’ISSKA, un institut au service de la spéléologie, 49-50
Résumé
Suite au 12ᵉ Congrès international de spéléologie à La Chaux-de-Fonds, la Société Suisse de Spéléologie (SSS) a fondé au printemps 2000 l'Institut suisse de spéléologie et de karstologie (ISSKA). Répondant à un besoin d'ouverture de la spéléologie suisse, l'ISSKA s'est fixé pour objectif de tisser des liens entre les spéléos, les administrations et le grand public. Ce précieux soutien professionnel permet ainsi de mieux faire reconnaître l'énorme travail fourni par les spéléologues suisses au cours de ces soixante dernières années. En effet, l'étude du milieu souterrain, de ses particularités, de ses beautés, de ses dangers, de son importance scientifique... était jusqu'ici restée cantonnée au travail bénévole.
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Christophe Gauchon : Pierre Chevalier (1905-2001) : in memoriam, l'apport scientifique d'un grand spéléologue d'exploration, 52
Résumé
Pierre Chevalier n'était pas réellement un karstologue, il n'était ni géologue comme le fut Bernard Gèze, ni géographe comme Jean Corbel, ni hydraulicien comme André Bourgin. Ni sa formation d'ingénieur chimiste ni son travail à Rhône-Poulenc n'avaient de liens directs avec la karstologie. Et le nombre réduit de ses publications prouve qu'il n'a jamais vraiment eu d'ambitions scientifiques en ce domaine. C'est donc moins un bagage qu'une démarche scientifique qu'il mit au service de la compréhension du karst profond. Son parcours et son apport peuvent ainsi être plutôt comparés à ceux de Félix Trombe, né un an après lui, avec qui il fut très lié et à qui il dut sa première expérience de spéléologie en 1934. L'un attacha définitivement son nom à la Henne-Morte, l'autre au réseau de la Dent de Crolles.
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