Richard Maire, Brigitte Choppy, Bernard Choppy, Michel Le Bref, Jean Nicod, Claude Chabert, Paul Dubois, Roger Laurent : Jacques Choppy (1926-2004) : figure emblématique de la spéléologie française, 1-11
Résumé
Dans une lettre envoyée à ses parents le 23 septembre 1955, Jacques Choppy, qui pratique alors la spéléologie depuis 8 ans, parle des grottes de la région landaise et de leurs concrétions; il s'interroge sur la bizarrerie des morphologies et sur la genèse des phénomènes souterrains et termine par une phrase prémonitoire : « Peut-être arrivera-t-on un jour à dire pourquoi et comment se sont formées les grottes ». Ce questionnement n'abandonna jamais Jacques Choppy, le tarauda pendant près d'un demi-siècle, la littérature scientifique ne lui fournit jamais que des réponses partielles, et c'est autour de cette quête que s'organisa tout le parcours spéléologique de cet homme hors du commun qui nous a quittés pendant l'été 2004, nous laissant un ouvrage posthume à paraître intitulé : Pourquoi se creusent les grottes ?
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Philippe Audra, Fabien Hobléa, Stéphane Jaillet, Jean-Yves Bigot, Roger Laurent : Les apports scientifiques majeurs de Jacques Choppy, 12-14
Résumé
Jacques Choppy nous a quittés le 26 juillet 2004. Son dynamisme et sa présence depuis plus de 50 ans sur le champ de la spéléologie scientifique ne nous laissaient pas envisager une fin aussi brutale. Certes, il avait récemment délégué l'organisation scientifique des Rencontres d'octobre et en particulier la charge d'édition, mais cela relevait plus de sa lucidité au regard de son âge que d'une réelle démotivation. Jacques était présent partout, publiait beaucoup, et nous sommes en devoir de rappeler ici ses contributions majeures à la discipline.
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Baudouin Lismonde : L'oeuvre scientifique de Jacques Choppy dans le domaine de la climatologie souterraine, 14
Olivier Lejeune, Alain Devos : Apports des méthodes hydrologiques dans la compréhension des écoulements en pays calcaire : exemple des bas plateaux jurassiques du haut bassin de la Marne (France), 15-24
Résumé
L'hétérogénéité spatiale des écoulements en pays calcaires a été mise en évidence dans la haute vallée de la Marne (interfluves Marne-Aube et Marne-Meuse) grâce aux méthodes des profils hydrologiques, de la spatialisation des débits d'étiage et de l'étude de paramètres physico-chimiques.
L'étude s'est portée sur cinq sous-bassins-versants appartenant au bassin de la Marne amont (4500 km2) et les mesures ont été réalisées entre 2001 et 2003 en période d'étiage. Nous avons utilisé une perche à intégration (type Pirée) pour la mesure des débits et un conductimètre pour la mesure de la température et de la conductivité afin de repérer l'origine des eaux. Les mesures nous ont permis d'établir des profils hydrologiques et nous avons également cartographie les rendements hydrologiques d'étiage.
Ces méthodes ont révélé à la fois des transferts d'eau à l'intérieur d'un bassin-versant et vers les bassins-versants contigus. Ainsi, sont apparus des secteurs d'infiltration généralisée, de perte, de rendement moyen et de rendement fort. Ainsi, elles démontrent une divergence ou une concentration des écoulements en fonction du compartimentage morphostructural des aquifères calcaires et les différentiels d'incision des vallées. On obtient un maillage hydrogéologique des interfluves entre des secteurs déficitaires et des secteurs excédentaires en eau qui témoignent de transferts d'eaux.
Ce processus constitue les « captures actives » souvent corroborées par des traçages hydrogéologiques.
Ces « captures actives », révélées par ces méthodes en période chaude ou interglaciaire, préparent de futures captures hydrographiques de surface, communément reconnues en début de phase froide.
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Catherine Ferrier, Evelyne Debard, Yves Perrette, Jean-Jacques Delannoy, Bertrand Kervazo, Anne-Sophie Perroux, Stéphane Jaillet, Yves Quinif : Intérêt de l'approche morphogénique pour la compréhension globale d'une grotte à haute valeur patrimonial : la grotte Chauvet (Ardèche - France), 25-42
Résumé
Cet article a pour objet de présenter les enseignements de l'approche géomorphologique, basée ici sur l'observation et le relevé cartographique à haute résolution des formes et des dépôts souterrains, pour définir, d'une part, la physionomie et les caractéristiques de la cavité durant les occupations humaines et animales et, d'autre part, les modalités de fermeture de la grotte préhistorique. Afin de préciser l'intérêt de cette approche, cet article a été construit à partir des questionnements issus des travaux menés par les préhistoriens, pariétalistes et paléontologues. Nous avons ici privilégié trois questions : la répartition des peintures, l'accès à la grotte et sa fermeture.
Les réponses ont été cherchées au sein des informations spéléogéniques et karstogéniques contenues dans les différentes formes et formations endokarstiques. La cartographie des sols permet de présenter ici en détail les différente dépote et morphologies présente dans la grotte, de les caler dans le temps et d'appréhender la physionomie de la grotte préhistorique. Les modalités de la fermeture ont également pu être précisées grâce cette démarche ; l'analyse isotopique de concrétions scellant les éboulis d'entrée permet de caler dans le temps cette fermeture (antérieure à 15 000 BP, voire à 19000 BP). Cet article a également pour objet de mettre en avant l'intérêt de l'approche interdisciplinaire dans l'étude des cavités préhistoriques ; le croisement des pratiques, des regards et des interprétations a permis de faire reculer les limites de nos approches respectives et de poser de nouvelles problématiques et démarches de recherche.
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Kazuomi Hirakawa, Danko Taborosi : « Stalactites extérieures » dans les karsts tropicaux humides : dépôts stalagmitiques de tufs calcaires, 43-50
Résumé
Les entrées de grottes et les falaises des milieux tropicaux humides sont souvent enduites d'un dépôt stalagmitique friable et poreux. Ce dépôt se présente généralement sous un faciès de tuf calcaire plutôt que de calcite sparitique caractéristique des stalactites de grottes. De dimension centimétrique à décamétrique, les formes de ces « stalactites extérieures » peuvent être irrégulières, courbées, avec des bulbes, des pendants, voire orientées par la lumière par exemple. Leur surface extérieure est poudreuse ou terreuse et fréquemment couverte pas un enduit humide organique. Composée de couches de matériel microcristallin se rapprochant de la craie, ces « stalactites » montrent une grande variété de fabriques parfois difficiles à distinguer. On distingue les fabriques d'encroûtement des dépôts amorphes ou laminés. De plus, ces dépôts contiennent une grande quantité de matière organique, de structure microbienne et de grains détritiques. On trouve ces stalactites dans un grand nombre de biotopes. On suppose que feur formation est liée à des processus biogéniques surimposés aux processus abiotiques de la précipitation/dissolution physico-chimique des eaux karstiques. Les stalactites extérieures représentent des formations sub-aériennes spécifiques rarement abordées dans la littérature karstologique.
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Baudouin Lismonde : Le flux géothermique avec circulation d'eau profonde dans les karsts : la surprise des transitoires, 51-55
Résumé
Après un rappel de quelques généralités sur le flux géothermique et son origine, nous présentons en détail le rôle important des circulations d'eau sur la distribution des températures dans les massifs calcaires. Nous verrons que cette influence se traduit, en régime permanent, par deux propriétés dont la première est bien connue et la deuxième sous-estimée :
- diminution du flux géothermique dans le massif karstique ;
- focalisation des lignes de flux au voisinage des collecteurs.
La surprise viendra de l'étude des transitoires : l'effet de focalisation se traduit par des transitoires thermiques dont l'amplitude est d'autant plus prononcée que le collecteur est plus profond. En effet, en période de basses eaux, certaines galeries s'asséchant complètement, le flux de chaleur provenant de la roche et correspondant à ce gradient élevé est capable de réchauffer les galeries de plusieurs dixièmes de degrés C en quelques semaines.
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Jean-Noël Salomon, Michel Bakalowicz : Song Linhua (1942 - 2004) = In memoriam, 59-60
Résumé
Notre collègue et ami Song Linhua vient de disparaître avec le professeur Yang Mingde, dans un accident de la route survenu dans la Province de Guizhou. Tous deux grands spécialistes du karst de ces régions, préparaient les visites de terrain des experts de l'UNESCO qui devaient examiner la proposition chinoise d'inscrire au Patrimoine mondial de l'Humanité un certain nombre de sites karstiques des provinces de Yunnan, Guangxi et Guizhou.
Chercheur attaché à l'Institut de géographie de l'académie des sciences de Chine, Song Linhua était depuis plusieurs années l'expert en karst de l'administration des Parcs nationaux chinois, et tout particulièrement de ceux du Yunnan. Il était aussi membre du conseil scientifique de Karstologia.
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