Jean-Marie Malezieux, Louis Humbert, André Girou, Pierre Pouchan, Jack Dessay : La karstification de l'île haute carbonatée de Makatea (Polynésie française) et les cycles eustatiques et climatiques quaternaires, 1-10
Résumé
Située sur la bordure nord-ouest de l'archipel des Tuamotu (Polynésie Française), à 245 km au nord-est de Tahiti, par 148°15' de longitude ouest et 15°50' de latitude sud, Makatea constitue une île haute carbonatée soulevée. Elle se distingue par sa surface supérieure à la morphologie karstique très irrégulière mise en évidence à la suite de l'exploitation de la couverture phosphatée. Les traces d'anciens rivages observées à la périphérie de l'île de Makatea permettent de reconnaître les variations du niveau marin enregistrées depuis le début de l'émersion de l'île actuelle, il y a environ - 2 millions d'années, jusqu'à nos jours. L'analyse chronologique de ces paléorivages permet de proposer des épisodes climatiques et eustatiques propices à la dissolution et à la karstification des formations carbonatées. Ainsi, la karstification des formations de l'île de Makatea est-elle caractérisée par une dissolution à composante principalement verticale qui a pour origine la superposition de plusieurs cycles. Chaque cycle est constitué, d'abord par une mise en solution des carbonates lors d'une période interglaciaire quaternaire, puis par l'évacuation des solutions saturées au cours de la régression associée à la période glaciaire consécutive. Compte tenu des données dont on dispose à ce jour, le processus envisagé pour la formation des phosphates insulaires s'intègre dans ce schéma d'évolution et a pu contribuer à la karstification de l'île de Makatea. Ainsi, la morphologie particulière du karst de Makatea jurait pour origine la dissolution des formations carbonatées sous l'action de l'acide phosphorique libéré lors de l'évolution des dépôts phosphatés au cours des périodes interglaciaires quaternaires.
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Christophe Gauchon : Mise en valeur et exploitation traditionnelle des ressources du monde souterrain dans le sud-est de la France, 11-18
Résumé
Les grottes du SE de la France ont été utilisées depuis des siècles comme abris et pour leurs ressources (glace, mines). Certaines glacières du Jura et des Préalpes ont été exploitées dès le Moyen-Age, mais c'est au XIX° S que débute le vrai commerce de la glace souterraine en direction des villes (Chambéry, Grenoble, Lyon , Paris). Les remplissages souterrains phosphatés sont utilisés comme engrais (ex : Baume Sourde/Drôme). Les concrétions sont extraites des grottes au moins depuis le XVII° S comme ornement ; certaines cavités deviennent des "mines" à stalactites (ex : Aven du Plan/Alpes-Maritimes). Le Gouffre à Maule, en Chartreuse, est un exemple remarquable de grotte-mine où l'exploitation du fer a débuté avant le XII° S par les Chartreux. Les aménagements effectués dans ces cavités (échafaudages, galeries creusées dans les dépôts...) reflètent l'importance qu'on accordait autrefois à des ressources locales aujourd'hui abandonnées.
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Patrick Bienfait : Éléments sur la karstification et l'évolution paléogéographique du Jura, 19-30
Résumé
La karstification jurassienne débute dès la fin du Crétacé et le début du Tertiaire et se poursuit jusqu'à nos jours. A l'Eocène, les reliefs sont modestes et l'altération sous climat tropical engendre des dépôts sidérolithiques (sables siliceux, altérites ferrugineuses) que l'on retrouve dans des karsts fossiles (ex : Salève). A l'Oligocène, une tectonique active reprend la surface d'aplanissement chimique éocène. Au Miocène, l'érosion et l'altération aplanissent à nouveau le Jura en une pénéplaine alors que le climat demeure tropical. La tectonique fini-miocène est responsable des structures et reliefs actuels, et s'accompagne d'une puissante érosion. Au Plio-Quaternaire se mettent en place le modelé karstique actuel et la quasi totalité des cavités. Les remplissages karstiques quaternaires renseignent sur l'extension des glaciers du Würm et du Riss.
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Michel Chardon : Approche géomorphologique des karsts du gypse de la Vanoise : la zone alpine et glaciaire du vallon du Fruit-Gébroulaz (Alpes), 31-42
Résumé
Dans la partie interne des Alpes françaises du Nord, la Vanoise présente en haute montagne des affleurements de gypse et d'anhydrite triasiques de superficie et d'épaisseur variables. Dans le vallon du Fruit, le glacier du Gébroulaz recouvre partiellement une bande d'évaporites qui culmine au Roc du Soufre (2940 m). Les écoulements karstiques souterrains sont sous-glaciaires et proglaciaires. L'analyse des eaux montre une faible dissolution chimique sous le glacier, mais le taux d'érosion karstique est élevé sur les marges glaciaires où il atteint 1500 mm/ka vers 2500 m (1 ka = 1000 ans). L'évolution des dolines est rapide et se fait par soutirage et dissolution souterraine dès que les glaces se sont retirées. Les dômes de gypse/anhydrite s'élèvent sous l'effet de la néotectonique et la décompression post-glaciaire engendre, vu l'élasticité de la roche, une importante fissuration superficielle. En une dizaine de millénaires, l'évolution sous le climat froid et humide de la haute montagne alpine les a transformés en "dômes-écumoires". Elle érode et façonne d'autres affleurements en "monolithes" ou reliefs coniques isolés. Un modèle d'évolution géomorphologique des dômes est proposé.
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Doru Badescu : Le karst alpin des Mts. Retezat (Alpes de Transylvanie, Roumanie), 43-53
Résumé
La partie calcaire des Monts Retezat, surnommée Retezatul Mic (2079 m), constitue le seul karst alpin typique de Roumanie. Celui-ci est formé par des calcaires jurassiques épais de 1000 m, selon une structure synclinale, qui reposent sur un socle métamorphique précambrien. Le climat montagnard humide est de type tempéré continental (1400 mm/an). La morphologie glacio-karstique s'est imprimée sur une une ancienne surface polygénique tertiaire ; le modelé comprend des cirques glaciaires et des vallons secs avec entonnoirs crypto-karstiques évoluant sous couverture morainique. L'émergence de Izvorul Cernei (0,5 à 10 m³/s), la plus importante de Roumanie, draine un bassin-versant de 85 km². L'étude hydrologique (traçages, v = 55 m/h), complétée par l'étude statistique des phénomènes endokarstiques, montre l'existence d'un système karstique relativement complexe orienté sur les grandes fractures. Une moitié de l'alimentation provient des eaux coulant sur le socle métamorphique, d'où un enrichissement en sodium des eaux karstiques. La plupart des gouffres et glacières se situent au-dessus de 1700 m, le plus profond étant le Stîna Tomii (-136 m) avec une verticale absolue de 115 m.
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Jean Nicod : Les problèmes du lac de Besse (Var) = Notes brèves, 54-55
Résumé
... Après le "gouffre glouton", le lac qui fuit...
Décidément le département du Var, riche en phénomènes spectaculaires liés au karst du Trias, vient encore faire parler de lui à propos de l'abaissement rapide du lac de Besse, partiellement soutiré par un gouffre ouvert subitement sur sa bordure (photo 1). Cet événement est à rapprocher de celui qui s'est produit en décembre 1987 dans la commune de Tourrettes, où un petit torrent, le Chautard a été avalé par un gouffre apparu brutalement dans son lit (cf. les deux notes de J.-N. SALOMON, Karstologia n° 10 et d'E. GILLI, Karstologia n° 14).
Comme dans le cas précédent la presse locale s'est emparée du sujet, avec des titres du genre : "ô Lac, suspend ta baisse !".
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